Archives de catégorie : Revues

Justice sociale et liberté

Invoquer la justice sociale peut aujourd’hui paraître incongru. Lors de la dernière période électorale, certains n’ont pas hésité à stigmatiser l’assistanat, sous prétexte de s’attaquer aux tabous de la société française, tout en justifiant, dans le même temps, les effets d’aubaine socio-économiques les plus aberrants : rémunérations pharaoniques des patrons du Cac 40, exonération totale des droits de succession, défiscalisation des heures supplémentaires, etc. Exprimer le souci de l’équité tend à être considéré au mieux comme passéiste. Au pire, la revendication de justice sociale est accusée de remettre en cause les libertés et de nous engager sur la voie du totalitarisme.  Continuer la lecture de Justice sociale et liberté

Les sommets de la vanité politique

En France, l’année 2012 a commencé comme l’année 2011 s’est terminée : par une multiplication de « sommets de crise ». La présidence du G20 – que d’aucuns écrivent volontiers « G Vain » – a été marquée par un sommet de Cannes où l’exercice de communication l’a largement emporté sur l’efficacité politique. De même, la crise de la « zone euro » donne lieu à une succession de « sommets de la dernière chance » toujours décevants. Enfin, l’aggravation du chômage en France a été l’occasion d’organiser un « sommet social » de mascarade. Le spectacle des rencontres « au sommet » a été érigé comme programme politique et le décalage se révèle de plus en plus grand entre les mises en scène et les résultats qui en ressortent. À chaque fois, la montagne semble accoucher d’une souris…  Continuer la lecture de Les sommets de la vanité politique

La reconnaissance ou le mépris

À la fin de l’année 2010, Stéphane Hessel publiait un petit ouvrage intitulé « Indignez-vous ! » qui, depuis, a connu un succès mondial. Ainsi, il est sorti aux États-Unis et y contribue, comme partout, à rechercher une voie politique de salut public. En s’appuyant sur sa propre expérience au sein du Conseil National de la Résistance, Hessel ne se doutait certainement pas qu’il bénéficierait d’un tel écho. La raison majeure du succès de son livre est qu’il pointe les ressorts même de toute l’histoire humaine, passée et future.  Continuer la lecture de La reconnaissance ou le mépris

Néolibéralisme et constructivisme

La réflexion critique sur ce qui s’est passé depuis environ 30 ans – depuis Thatcher et Reagan – est loin d’être arrivée à maturité, mais elle s’avère absolument nécessaire tant le syndrome TINA semble avoir neutralisé l’action politique. Le libéralisme est déjà en lui-même une idéologie si ambiguë que parler de néolibéralisme semble ajouter à la confusion. Une question fondamentale est pourtant de savoir si ce dernier n’est qu’une simple radicalisation du libéralisme classique.  Continuer la lecture de Néolibéralisme et constructivisme

Abus de la loi

Dans son dernier rapport annuel sur l’application des lois, le Sénat a souligné que, sur les cinquante-neuf lois promulguées au cours de la session 2009 du Parlement, seules trois avaient reçu l’intégralité de leurs textes d’application. Pour les dix-huit lois qui ont été votées avant le 31 mars 2010, et nécessitant un suivi réglementaire, à peine sept ont été intégralement mises en application. Nous assistons à une progression exponentielle du nombre de lois, mais celles-ci deviennent de plus en plus difficilement applicables : le problème n’est pas seulement celui du manque de temps qui force le travail législatif à s’effectuer dans l’urgence. Confrontés aux situations concrètes et soumis à l’exigence de cohérence du droit, les décrets d’application peuvent difficilement être pris. Ainsi, le recours à une loi nouvelle – souvent annoncée pompeusement – s’avère condamné à rester lettre morte. À trop vouloir légiférer, l’esprit même des lois est trahi.  Continuer la lecture de Abus de la loi

Les « cœurs intelligents »

Juillet-août 2010 resteront dans nos annales comme un « été meurtrier » pour les valeurs de la République mises à mal par les dérives sécuritaires d’un pouvoir politique qui, sous prétexte de capter l’électorat du Front National, n’a pas hésité à mettre en pratique son idéologie. Les plus hauts représentants de l’État ont tenu des discours et des actes qui, non seulement, banalisaient, amplifiaient, mais aussi officialisaient les aveuglements extrémistes, au risque d’activer de plus belle les pulsions racistes en France et d’encourager certains pays d’Europe dans leurs replis nationalistes. Le comble est que, pour se justifier, cette politique a été menée en s’en prenant aux « coeurs intelligents » au nom du prétendu irréalisme de la bien-pensance et des bons sentiments…  Continuer la lecture de Les « cœurs intelligents »

Repenser Montesquieu

Critique de mon livre Montesquieu et la liberté par Charles Capet :

Dans Montesquieu et la liberté, Alain Cambier propose une lecture novatrice et audacieuse de De l’Esprit des lois, où est posée la question de la forme légitime de la pratique du pouvoir politique pour garantir à chacun l’exercice réel de sa liberté. En effet, la liberté apparaît comme la clef de voûte de l’État moderne et son analyse comme principe fondamental de légitimité devient « le véritable tenseur tectonique qui commande la mise au jour d’enjeux originaux ».  Continuer la lecture de Repenser Montesquieu

Montesquieu et la liberte

Article de Francine Markovits à propos de mon livre Montesquieu et la liberté :

L’ouvrage s’ouvre sur l’énoncé d’un paradoxe ou d’une alternative: ‘‘Montesquieu est-il un penseur de la liberté ou un physicien de la société ?’’ Mais comment déterminer de quelle liberté il s’agit ? Alain Cambier répond en conduisant une enquête sur la liberté entendue comme le libre arbitre et cherche à montrer que cette détermination ‘‘invalide’’ toute interprétation positiviste de la pensée de Montesquieu. Après les lectures libérales, les lectures des républicains, et celles des révolutionnaires, nous avons ici une lecture métaphysique de Montesquieu. L’ouvrage est érudit, et le ton est convaincu.  Continuer la lecture de Montesquieu et la liberte

Aux sources du libéralisme politique : Montesquieu et Germaine de Staël

Article de Jean-Marie Goulemot à propos de mon livre Montesquieu et la liberté :

Le livre d’Alain Cambier constitue une excellente synthèse qui, à travers la forêt de “L’Esprit des lois” suit et même traque la définition, l’analyse et la défense de la liberté politique auxquelles se livre Montesquieu. Cette recherche minutieuse et systématique reconstruit un ordre du texte et éclaire des passages, jugés parfois comme extérieurs à la démarche du philosophe pour ne pas dire hors sujet.  Continuer la lecture de Aux sources du libéralisme politique : Montesquieu et Germaine de Staël

La boîte de Pandore

En ces temps de crise socio-économique et de risques écologiques, un observateur étranger serait très surpris de constater qu’en France les autorités les plus hautes ont mis au premier plan la question de l’identité nationale. Préfectures et sous-préfectures ont été sommées de mobiliser les forces vives de la nation pour réaffirmer « la fierté d’être français ». Un tel débat, organisé artificiellement d’en haut, a pourtant été considéré – même par Martin Hirsch – comme « une opération 100 % politique ». Il ne peut que susciter une grave inquiétude puisqu’il agite des thèmes idéologiques propices au développement de l’intolérance.  Continuer la lecture de La boîte de Pandore