Archives par mot-clé : Démocratie représentative

Le droit comme ultime garde-fou

En 2024, la moitié des adultes de la planète est appelée à voter. Aussi, J. Ganesh, éditorialiste au Financial Times, a pu dire que « l’homme et la femme de l’année 2024 » sont les électeurs et les électrices. Pourtant, la démocratie est en recul dans le monde. Selon l’ONG Freedom House, en 2000, 54 % de la population mondiale vivait en démocratie, mais aujourd’hui bien moins de la moitié de cette population peut se targuer de vivre en un tel régime : le nombre de pays le pratiquant régresse… Comment expliquer ce décrochage entre le nombre pléthorique d’électeurs appelés à voter cette année et le recul de la démocratie ? Bien sûr, comptabiliser les électeurs qui sont censés, dans les autocraties, voter pour élire leurs dirigeants est un trompe-l’oeil : il est maintenant avéré qu’en Russie, par exemple, les dernières élections qui ont permis à Poutine de s’accorder 88 % des voix ont été notoirement truquées. Dans ce type d’élections faussées, on pourrait y voir un hommage du vice à la vertu, puisque ces autocrates se croient encore obligés d’organiser un vote, même si le résultat est établi d’avance : la certification par les urnes fournirait une sorte de brevet de légitimité. Mais ne nous y trompons pas : nous sommes confrontés à une fatigue, voire à une crise de la démocratie. Non seulement elle a perdu de sa capacité de séduction à l’extérieur, mais elle est menacée désormais de l’intérieur par un populisme pernicieux qui vise à « découpler » démocratie et Etat de droit dans le but d’engendrer, en lieu et place, un nouveau type de Léviathan : la « démocrature ».

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Tempête sous les crânes progressistes

Nous avons changé d’époque et, désormais, s’ouvre le temps des incertitudes. Avec la guerre en Ukraine, nous sommes sortis d’une période de paix relative en Europe qui a duré plus de 75 ans et nous prenons conscience que les valeurs de respect du droit et de démocratie peuvent être brutalement piétinées. L’Union Européenne semble elle-même avoir été prise de court, tant elle a entretenu naïvement le dogme du libre échange et de la mondialisa-tion économique comme étant le meilleur garant de la paix. De même, nous percevons de plus en plus les effets délétères du dérèglement climatique sur nos modes de vie. Aussi, c’est la notion même de progrès qui est remise en cause : toute la conception sur laquelle les sociétés occidentales se sont développées depuis le XVIIIe siècle est aujourd’hui mise sur la sellette et la décroissance brandie comme solution… Bien plus, la croyance en un progrès des sciences et, plus globalement, de la raison est de plus en plus discréditée. Mais le vacillement des valeurs progressistes n’est pas seulement l’effet de coups de boutoir provenant d’impacts extérieurs : au sein des milieux progressistes, les désaccords, voire les conflits sont tels que le doute s’instille sur la nature des valeurs à défendre. En France, le camp des progressistes apparaît traversé de contradictions si profondes qu’il y perd ses repères.

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