Archives par mot-clé : Guerre en Ukraine

Tempête sous les crânes progressistes

Nous avons changé d’époque et, désormais, s’ouvre le temps des incertitudes. Avec la guerre en Ukraine, nous sommes sortis d’une période de paix relative en Europe qui a duré plus de 75 ans et nous prenons conscience que les valeurs de respect du droit et de démocratie peuvent être brutalement piétinées. L’Union Européenne semble elle-même avoir été prise de court, tant elle a entretenu naïvement le dogme du libre échange et de la mondialisa-tion économique comme étant le meilleur garant de la paix. De même, nous percevons de plus en plus les effets délétères du dérèglement climatique sur nos modes de vie. Aussi, c’est la notion même de progrès qui est remise en cause : toute la conception sur laquelle les sociétés occidentales se sont développées depuis le XVIIIe siècle est aujourd’hui mise sur la sellette et la décroissance brandie comme solution… Bien plus, la croyance en un progrès des sciences et, plus globalement, de la raison est de plus en plus discréditée. Mais le vacillement des valeurs progressistes n’est pas seulement l’effet de coups de boutoir provenant d’impacts extérieurs : au sein des milieux progressistes, les désaccords, voire les conflits sont tels que le doute s’instille sur la nature des valeurs à défendre. En France, le camp des progressistes apparaît traversé de contradictions si profondes qu’il y perd ses repères.

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Guerre de l’hubris et guerre hybride

« La Démesure (hubris), mère effrontée du mépris ». En imposant la guerre à l’Ukraine, Poutine a exprimé son mépris : mépris de la souveraineté de l’Etat ukrainien, mépris du droit international humanitaire, mépris de la liberté des peuples, mépris du mode de vie démocratique. Toute crise aiguë est en même temps un moment révéla-teur où les masques tombent. En critiquant Lénine pour avoir reconnu des droits aux nezavisimtsi (« indépendantistes ») de l’époque et en dénonçant également la plateforme du parti communiste de l’Union soviétique de septembre 1989 qui garantissait la souveraineté des républiques fédérées, le chef actuel du Kremlin a montré que son bellicisme assumé ne relève pas d’une simple nostalgie de l’ex-URSS, mais bien de vouloir recréer un empire russe : la Novorossia. Cette ambition impérialiste le conduit à prétendre cyniquement imposer sa puissance à des territoires sans tenir compte des peuples, quitte à mener une « guerre totale » à nos portes et à déstabiliser tout le continent européen. La singularité de ce nouvel impérialisme est de mobiliser toutes les armes de la « guerre hybride », jusqu’à menacer d’utiliser des moyens surpuissants.

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