Sur les réseaux sociaux, tous les paradoxes semblent aujourd’hui permis. Ainsi, ceux qui y revendiquent avec véhémence la plus grande liberté d’expression sont souvent les mêmes qui, se découvrant une vocation justicière intraitable, jettent l’opprobre sur un individu et le clouent au pilori du tribunal médiatique. La « cancel culture » qui sévit maintenant aussi bien aux Etats-Unis qu’en Europe est devenue la nouvelle figure de l’intolérance. Outre Atlantique, en juin 2020, un collectif de plus de cent cinquante intellectuels s’était déjà élevé contre les dérives de ce nouveau type de lynchage. Mais il ne s’agit pas simplement d’une nouvelle forme de censure : parler ici de culture est une imposture, puisqu’une telle attitude tourne le dos à toutes les valeurs associées à cette notion prise aussi bien dans son acception universaliste comme accès aux Lumières de la raison que dans son sens particulariste renvoyant à un partage de mœurs et de formes symboliques permettant de vivre ensemble.
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