Invoquer la notion de civilisation a pu apparaître comme une manoeuvre de diversion, quand l’activisme politique régnant s’est heurté à la résistance des dures réalités économiques et sociales. Pourtant, il faut prendre au sérieux les déclarations qui ont alors été faites : « Depuis trop longtemps la politique se réduit à la gestion, restant à l’écart des causes réelles de nos maux, qui sont souvent plus profondes. J’ai la conviction que dans l’époque où nous sommes, nous avons besoin de ce que j’appelle une politique de civilisation ». Derrière l’appropriation sauvage d’une expression d’Edgar Morin, il faut y voir le désir d’imposer une révision des valeurs sur lesquelles repose notre société, une prétention à « revoir les fondamentaux sur des bases qui soient plus qualitatives que quantitatives » . L’instrumentalisation de la notion de civilisation renforce le soupçon de la menace d’une véritable régression idéologique.
Paru dans la revue Les Nouvelles d’Archimède n°49