Voici un an que des émeutes urbaines ont éclaté en France. Les propos volontairement provocateurs et réducteurs d’un « ministre d’Etat » et la mort tragique de deux adolescents – électrocutés en fuyant un contrôle de police – avaient embrasé les banlieues. L’instauration d’un état d’urgence pendant plusieurs semaines ne pouvait permettre de traiter en profondeur la crise du monde urbain. Stigmatiser les banlieues revient à adopter une politique de borgne. Car, comme l’a souligné Eric Maurin, si nous assistons aujourd’hui à une ghettoïsation du monde urbain, celle-ci s’effectue beaucoup plus par le haut que par le bas : « Les ghettos les plus fermés sont les ghettos des riches ». Aussi serait-il vain de prétendre lutter contre la ghettoïsation par le bas, en s’aveuglant sur celle qui résulte d’une véritable stratégie d’évitement de l’Autre, conduisant à un séparatisme social et culturel.
Paru dans la revue Les Nouvelles d’Archimède n°43