Si le résultat du référendum du 29 mai dernier a pu surprendre, il paraissait pourtant objectivement prévisible. Déjà, le traité de Maastricht n’avait été approuvé, dans notre pays, que par une très courte majorité, et depuis tout concourait à enrayer la machine européenne : la grave stagnation économique de la zone euro, l’irresponsabilité avec laquelle avaient été effectués les derniers élargissements, les contradictions politiques majeures qui s’étaient manifestées entre les différents pays membres, etc. Or, le texte proposé en guise de constitution était loin de pouvoir relever le défi. Alors qu’il entretenait l’imprécision dans la définition des droits fondamentaux, il se voulait vétilleux dans sa volonté d’entériner des traités économiques qui avaient déjà montré leurs effets pervers. Bien plus, il substituait au projet d’une Europe de coopération sincère un principe interne de « concurrence non faussée » entre européens : drôle de constitution qui, au lieu de garantir une identité politique de l’Europe susceptible d’assurer sa puissance dans un monde multipolaire, tendait avant tout à donner des gages à la logique de la globalisation économique ! Un tel texte ne pouvait que cristalliser toutes les frustrations. Pour tenter néanmoins de le faire passer, les plus grands moyens médiatiques ont été mis en oeuvre : son rejet a signé aussi l’échec de la médiacratie.
Paru dans la revue Les Nouvelles d’Archimède n°40