La philosophie fait souvent de l’ataraxie – c’est-à-dire de l’absence de trouble – le modèle même de la sagesse. Dès lors, les émotions seraient discréditées puisqu’elles nous perturbent et nous trahissent. Pourtant, l’originalité de Maldiney consiste au contraire à montrer que l’absence d’émotions serait plutôt un symptôme morbide. Il serait réducteur de faire de l’émotivité un simple trait de caractère plus ou moins partagé comme lorsqu’on parle de quelqu’un d’impressionnable : la disposition aux émotions est la marque, au contraire, de notre être-au-monde. De même, distinguer laborieusement l’émotion du sentiment et de la passion risque de manquer l’essentiel : l’émotion révèle notre affectivité et celle-ci constitue une attitude existentielle primordiale.
Paru dans la revue Les Nouvelles d’Archimède n°34