Dans Notre musique – le dernier film de Jean-Luc Godard -, Mahmoud Darwich rappelle qu’il a manqué un poète aux Troyens : un anti-Homère, un aède qui aurait chanté la gloire des vaincus, plutôt que de n’en garder le souvenir qu’à travers le récit de l’aventure des Achéens. Le poète palestinien veut souligner combien la culture permet à la fois de témoigner et de résister. Un peuple peut perdre un combat, une guerre, parfois même son pays, mais tant qu’il arrive encore à se dire culturellement, il ne pourra disparaître : il restera inexterminable. Son chant est capable de surmonter les humiliations et d’ouvrir de nouveaux horizons. La culture demeure l’ultime ressource des vaincus, des exclus, des damnés de la terre.
Paru dans la revue Les Nouvelles d’Archimède n°37