Enjeux éthiques et politiques de l’évaluation de la recherche

« Aujourd’hui, je n’obtiendrais pas un poste universitaire. C’est simple : je ne pense pas que je serais considéré comme assez productif » : en faisant cette déclaration dans une interview au Guardian – le 6 décembre dernier – le prix Nobel de physique 2013, Peter Higgs, manifestait son scepticisme vis-à-vis des prétentions actuelles de l’évaluation de la recherche. Il faut dire qu’il lui avait fallu un quart de siècle pour faire admettre son hypothèse prédictive sur l’existence dans certaines circonstances d’une particule de masse nulle : le fameux boson baptisé aujourd’hui « de Higgs ». Vingt-cinq ans de recherches patientes malgré le scepticisme d’une bonne partie de la communauté scientifique… Vingt-cinq ans de recherches discrètes, avec pendant longtemps très peu de publications… Au vu des exigences actuelles du management de la recherche, et du rôle joué désormais par les indices bibliométriques, le cheminement professionnel de Peter Higgs aurait, pour le moins, été considéré comme improductif. L’absence de recul critique sur les critères aujourd’hui retenus pour évaluer les chercheurs conduit à un aveuglement sur les risques qu’ils font encourir au monde des sciences.

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Paru dans la revue Les Nouvelles d’Archimède n°66